Les rives de Saône comme un parcours de vie

Parcourir les rives de Saône comme on parcourt la vie.

J'ai toujours aimé voyager le long des eaux vives, celles des fleuves, comme le Rhône, autant que celles des rivières, comme la Saône.

Cela vous paraîtra peut-être étrange, mais longer un fleuve ou une rivière c'est un peu comme longer le fil d'une vie.

Prenez la Saône, par exemple. A l'égal d'un être vivant, elle naît à la vie, une vie d'eau bien entendu, mais une forme de vie quand même qui s'en va balbutiant dans le sous-bois environnant depuis son berceau verdoyant de Vioménil (département des Vosges). Elle grandit alors peu à peu, prend de la vigueur, un peu plus d'assurance. Mais elle est jeune encore, un rien peut stopper le fil de son parcours, tout comme un petit enfant.

En arrivant au port de Corre, à l'endroit précis où le canal de l'est vient la rejoindre, son adolescence lui dévoile alors un horizon plein d'avenir. De vastes paysages, des aventures sans limites, tout lui est ouvert. Elle est prête à toutes les audaces pour se lancer vers le futur. De belles étapes la séduisent, des petites communes telles que Port sur Saône, des haltes fluviales en abondance.

Quelques dizaines de kilomètres, et c'est une jeune adulte qui va dépasser la ville de Gray, saluer Pontailler sur Saône, puis Auxonne et sourire aux infatigables mariniers à St Jean de Losne.

Parfois, elle échange un baiser passionné avec d'autres affluents, et celui échangé avec le Doubs à Verdun sur le Doubs pétille de bleu et de tendresse.

A partir de Chalon-sur-Saône, elle déploie sa maturité rayonnante, une vie intense qui resplendit à Mâcon et le long des nombreuses autres communes qui la bordent. Une vie qui va trouver sa plénitude à Lyon. Ici s'achève son nom, mais toute l'énergie et qu'elle a drainée dans son sillage continue sous une autre forme, aux couleurs du Rhône.

Patrick Huet. Ecrivain et fleuve-trotteur, ayant longé toute la Saône à pied.